– Mais alors, tu es prof de philo ?
Non. J’ai eu la chance de suivre un bon cours de philo en terminale et de m’intéresser pendant mes études d’Info-Com à l’épistémologie, à la logique et plus généralement à un certain rapport à la vérité et à la narration. Ensuite, mon activité d’éditeur m’a confronté à des textes, à leur logique, à leur argumentation – j’ai aussi appris de ce métier la noblesse de la vulgarisation. Le reste, c’est beaucoup de lectures et une bonne culture générale. Le rock et son esprit de rébellion n’est peut-être pas étranger à l’affaire non plus.
– Pourquoi fais-tu ces ateliers café philo, tu vas écrire un livre ?
Non. Bien que finalement, j’ai décidé d’ouvrir ce blog Rechampir pour témoigner de cette pratique. Par estime et mémoire de ce qui se passe dans ce bar de campagne depuis des années. Et, sait-on jamais, pour aider à des initiatives de café philo, documenter la pratique. Une chose est claire pour moi : ne jamais en tirer un profit monétaire, ne pas se sentir propriétaire de ces ateliers café philo.
– Pourquoi fais-tu ces ateliers café philo, quel plaisir en retires-tu ?
J’ai le sentiment de permettre quelque chose de rare, un espace de discussion particulier. Je constate que la plupart des participants n’ont pas eu le contact qu’elles auraient souhaité avec la philosophie, notamment à l’école. Si c’est cela à quoi je peux être utile, alors j’y vais, cela suffit déjà amplement à mon plaisir, tant que cette demande-là s’exprime. Nous sommes toutes et tous capables de donner et de recevoir de l’éducation populaire.
– Mais ne pas participer à la discussion, n’est-ce pas frustrant ?
Non, d’abord parce que recevoir des idées et voir la discussion se formaliser au cours du café philo est fascinant. J’ai une place privilégiée en somme. L’écoute et l’attention m’absorbent complètement, je suis très concentré et cette discipline m’astreint à laisser de côté mes propres convictions… J’apprends beaucoup, loin des livres et des discours déjà construits.
Je suis également à chaque atelier bluffé par le déroulement de la discussion, par ce que le dispositif permet : l’écoute, l’expression (difficile parfois), l’évolution d’une position, l’apparition de questions… Et les idées classiques maniées sans en connaitre parfois le nom savant, les textes ou les grands noms. De la philo en direct live.