Le dernier café philo de la saison est traditionnellement festif : rompons avec la rigueur des règles de discussion habituelles et partons sur un support inédit !
Savoir si l’eau mouille sans être elle-même mouillée ? J’ai adoré l’humour et la répartie dans le tweet de @LakeSuperior. L’allusion sexuelle de la deuxième phrase était, sur le sujet du droit à l’avortement, parfaitement idoine — mais ce ne devait pas être le sujet, justement.
Les participants et les participantes ont avoué séché sur la question :
L’eau est-elle mouillée ?
La tentation de débattre des réseaux sociaux, ou de ne parler que du droit à l’avortement sont successivement écartées par l’animateur (moi). Il reste l’injonction de se placer dans la position de son interlocuteur pour bien débattre et convaincre, et le constat, banal, que les réseaux sociaux n’en sont pas le lieu.
Et pourtant, des notions surgissent lors de la discussion :
- l’évidence, la fausse évidence,
- le curseur qui sépare des états d’une chose,
- une certaine impasse du raisonnement.
Et là j’ai beaucoup appris en écoutant les participant·es : leurs mots et de leurs questions suggéraient le détour par des images philosophiques (le bateau de Thésée, le tas de sable auquel on enlève peu à peu des grains, l’impossibilité d’un mouvement prouvée par Zénon (https://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9non_d%27%C3%89l%C3%A9e) la difficulté conceptuelle d’un dieu ou d’un principe explicatif hors cadre de l’entendement — la preuve ontologique https://fr.wikipedia.org/wiki/Argument_ontologique).
Ce que j’ai appris (et qui n’est pas festif) : la raison humaniste (consensuelle au café philo) recourt à des montages de raisonnements parfois difficiles à justifier. Ainsi du cas du droit à avorter, défendu par les idées que l’eau n’est pas mouillée, qu’il serait facile de mettre un curseur lors du développement du fœtus ou qu’il soit possible de ne pas faire référence à quelque chose comme la vie sur cette question.
Un grand merci à @Lake Superior (https://twitter.com/LakeSuperior) pour sa contribution involontaire à notre café philo du village ! Et un soutien indéfectible au droit des femmes à disposer de leur corps, y compris l’avortement (ceci est un argument moral, vous l’aurez noté).
Bonjour,
Cette discussion a pu s’assécher faute d’arguments mais s’est ressourcée avec les idées de chacun pour terminer dans une apothéose philosophique mais était-ce un pétard mouillé (par de l’eau sèche)?
Hello Camarades philosophes,
J’aurais aimé être des vôtres sur un sujet comme celui-là, mais le mariage d’un proche neveu dans les lointaines Pyrénées m’en a empêché…
A propos du « droit à l’avortement », et sans aucunement remettre en question le droit des femmes à disposer de LEUR corps (le corps « portant »), il me semble quand même qu’on ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas lieu de se poser simultanément la question des droits du corps de l’autre (le corps « porté »).
Je n’ai pas d’avis tranché sur le sujet. Mais parlant précisément des corps, il ne m’apparaît pas simple de toujours savoir les compter (surtout s’ils s’incluent, se fondent ou sont organiquement liés).
Sans aller chercher le cas très spectaculaires des siamois (je pense aux sœurs Abby et Brittany, par exemple) on peut déjà se poser la question à propos des multitudes de « corps » qui squattent les nôtres, qui les font vivre, et parfois mourir… Bébé est un squatteur. Cancer aussi !
Abby pourrait-elle contester à Brittany celui de faire commerce de « son » corps… ou la grève de la faim ?
MON corps ? Mais à qui appartient ce corps ? Jusqu’où mon corps est mien ? De combien de corps suis-je fait ? Quels sont mes droits sur ces corps ?
Bonnes vacances, Marc.