Café-philo

ACPh 25 : Qui sommes-nous à l’heure de la surveillance généralisée ? L’État en guerre contre ses ennemis dont fait partie désormais… le citoyen

Présentation

« Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, sauf dans l’obsurité, tout mouvement était perçu. »
(1984, HG Orwell, trad. Audiberri.)

Comme dit la chanson, le roman « 1984 n’était pas supposé être un manuel d’instruction »… Or : nos démocraties occidentales torturent, tuent sans jugement, militarisent leur police, multiplient les guerres, pactisent avec des dictatures, cultivent le secret et l’impunité de leur administration, surveillent et s’introduisent dans la vie privée de leurs propres citoyens, fichent et archivent, créent des délits d’intention, limitent la liberté d’expression, restreignent le contrôle du juge et du citoyen sur l’exécutif et bannissent les « lanceurs d’alerte ». Ceci se fait soit en secret des parlements élus, soit au prétexte de guerre au terrorisme au nom même de la République et du respect des Droits de l’Homme. Nos démocraties manient donc aisément l’oxymore (la formule contradictoire) comme dans 1984 (et autres systèmes totalitaires historiques) : « La guerre, c’est la paix », « La liberté, c’est l’esclavage », « L’ignorance, c’est la force. »
Dernier oxymore en date, la surveillance serait la garantie de la liberté. Grâce notamment à l’utilisation de technologies numériques, jusque-là réservées aux dictatures, au pouvoir sans équivalent dans l’histoire, tout acte sera analysé, archivé et jugé préventivement.
Ainsi le monde numérique, si émancipateur dans ses moyens, sera donc finalement le lieu idéal de la mise au pas du citoyen au service de la seule survie de l’État. A rebours de toute l’histoire humaniste qui s’est construit en lutte contre l’arbitraire du Prince.

Philosophiquement :

  • Qui sommes-nous : ce que nous pensons que nous sommes ou ce que l’État voit de nous-même ?
  • Pouvons-nous être nous-même sans liberté ? Dans quelle mesure l’individu est-il l’unité de pensée, l’entité autonome minimale ?
  • Un citoyen et son État : lien ou contrat ?
  • Y-a-t-il un bonheur possible sans liberté, une liberté sans risque ou sans responsabilité ?

Ou :

 

  • La première des libertés, c’est la sécurité.
  • Je n’ai rien à cacher est la première pensée du citoyen.
  • L’État est toujours au service du peuple.

 

PS: ce café philo sera bien évidemment enregistré. Mais sera effacé ce qui sera correctement dit de la part des participants 😉

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